DIRIGER À LA MANIÈRE DE MARC-AURÈLE.

Empereur philosophe, Marc-Aurèle dirige l’empire romain à son apogée et médite sur la condition humaine. L’unité de l’action et de la pensée est le fondement même de la doctrine stoïcienne telle qu’il l’incarne. Si Marc-Aurèle veut faire régner la philosophie c’est d’abord en lui-même. Car si nous ne sommes pas maîtres des choses, au moins le sommes-nous de notre pensée et de notre jugement.

Marc-Aurèle est un modèle pour tout dirigeant : il nous montre de quelle manière il est important d’accueillir et faire sien son héritage culturel et ses valeurs, mais encore plus de les dépasser pour préserver et faire grandir la communauté dont on a reçu la charge. Et qu’avant de prétendre diriger les autres, il est fondamental d’apprendre à se gouverner soi-même.

Savoir accueillir son héritage pour apprendre à se situer, mais pour mieux le dépasser et préparer l’avenir. Conserver sa faculté d'étonnement pour sortir du cadre et oser. Ce grand dirigeant connaît sa juste place et bâtit sa citadelle intérieure pour distinguer avec précision ce qui dépend de lui et ce qui n’en dépend pas. Les règles de conduite adoptées par Marc-Aurèle sont un vade mecum sans égal pour tout dirigeant aujourd'hui.

A sa mort, les Romains pensèrent que « mis à la disposition des hommes par les dieux, il était retourné auprès des dieux ». Il fut un pratiquant exceptionnel plutôt qu’un créateur. Il ne fit pas de révolution, mais fit tout évoluer.

UNE GUERRE DES GÉNÉRATIONS AU SEIN DE L'ENTREPRISE ? VRAIMENT ?

La génération Z ne se parle plus que par écrans interposés, mais adore le coworking. Les boomers sont réfractaires aux changements et insensible au devenir du Monde. Attention aux clichés ! Ils sont confortables, car ils nous permettent de ranger la réalité en catégories, mais souvent trompeurs, car le réel ne se laisse pas aisément enfermer …

Derrière ce « conflit des générations » se lit une vieille ligne de partage entre Tradition et Modernité, Classiques et Modernes. Avec une question fondamentale : Qui a la meilleure vision des enjeux du présent, ceux qui s’appuient sur le passé ou bien ceux qui inventent l’avenir ?

Mais si l’opposition ne date pas d’hier, elle prend des formes différentes selon les époques. Parmi d’autres, retenons trois traits, qui la caractérisent aujourd’hui.

Le rapport au temps : on préfère vivre une aventure plutôt que faire carrière (« le temps est le vécu de la conscience » nous dit Bergson).

Le rapport au savoir : on privilégie l’échange à la mémorisation, la vélocité à la profondeur, la multiplicité à l’unité.

Le rapport à l’entreprise : on y recherche du sens, travailler non, œuvrer oui ! (selon la distinction opérée par Hannah Arendt. On veut y produire de l’impact, sociétal et environnemental. Enfin on veut y vivre des aventures, ce qui conduit à réinventer le récit d’entreprise et apprendre l’art délicat de réconcilier accomplissement personnel et engagement collectif.

Créer le désir de son entreprise pour les jeunes générations, c’est tout simplement proposer d’aider de jeunes adultes – qu’on considérera comme tels - à continuer à devenir adultes.