EMOTIONS : PASSAGER CLANDESTIN DES DÉCISIONS

L’émotion… passager clandestin de nos décisions ?

C’est reconnu, le leadership du dirigeant est une ressource précieuse pour l’entreprise. Mais sur quoi s’appuie t-il ? Sur quelles compétences ? Il aura fallu attendre l’ouvrage « L’Erreur de Descartes » d’Antonio Damasio médecin et professeur de neurologie, pour admettre que la logique rationnelle et mathématique n’est pas la seule à influencer les managers dans leurs prises de décisions. C’est un sacré pied de nez à de nombreux, qui vantaient depuis des siècles, l’importance absolue de la rationalité dans la prise de décision. Et c’est selon ce principe que nos dirigeants et managers ont tous été formés, voire « formatés ».

Si l’affectivité a été longtemps perçue comme une menace potentielle pour la performance des entreprises, aujourd’hui, le dualisme émotion –cognition ne tient plus. Les dirigeants le constatent tous les jours. Les performeurs actuels utilisent les ressorts émotionnels. Et c’est tant mieux. N’est-il pas désormais prouvé que

le fameux QE (quotient émotionnel) a quatre fois plus d’impacts que le QI (quotient intellectuel) dans l’atteinte du succès, que l’empathie est nécessaire pour faire bouger les lignes ?

Cavalier pas si clandestin

Tout le monde sait, et personne ne se l’avoue pourtant…bien des décisions sont prises dans l’entreprise consciemment ou inconsciemment, sur des jugements et sentiments personnels comme la colère, la joie, la peur, la honte, le ressentiment…Mais chacun continue de les justifier de manière « raisonnable et factuelle ». Car les émotions restent encore « persona non grata » dans le monde de l’entreprise. Gênantes, jugées souvent comme déplacées, le crédit du professionnalisme est accordé à ceux qui font face à des situations génératrices d’émotions (conflits, soucis personnels et professionnels…), sans s’émouvoir.

Et le problème est précisément là. Car la culture de la performance reste accrochée à des tableaux de bord et des comptes rendus et à l’idée que l’entreprise gagne davantage en économisant sur les coûts qu‘en bouleversant les modes de management. Du coup, chacun brandit ses tableurs Excel et enferme dans son tiroir ses rêves, ses ressentis, ses joies et ses peines qui pourtant sont sources de créativité, d’innovation.

Il était temps, les grands principes du management cartésien commencent doucement à prendre l’eau. Et L’ère digitale et la mondialisation conduisent les entreprises à repenser leur positionnement, leur organisation, leur offre et les incitent à penser différemment.

Il est désormais prouvé grâce à la recherche « Aristote », entre-autre, menée par Google sur l’engagement, que le pré requis indispensable de la performance est le sentiment de sécurité affective. Plus le dirigeant, est en confiance dans la relation et dans ses émotions et plus il s’investit, se développe et performe entrainant avec lui ses collaborateurs.

Dès lors, il est vital pour l’entreprise de laisser place à l’intelligence émotionnelle et de la maturité relationnelle. Il ne s’agit plus d’opposer mais d’ajouter, de masquer mais de comprendre, de reconnaitre et de maitriser…les émotions. Elles doivent être replacées au cœur de la relation managériale en premier lieu, mais aussi du recrutement, du développement des talents, du travail en équipe, de l’implication, du bien-être. Conscients de l’urgence à développer des compétences socio-affectives et de bâtir des organisations sur ce point d’ancrage, les DG, les RH et les comités de direction sont à pied d’œuvre.

Les marketeurs ont déjà capté les changements. Pas un papier sans le mot « émotions » en titre, pas un congrès, une conférence ou un parcours de formation, qui ne mettent le sujet au cœur …Même les assurances nous aiment avec deux M.

Finie la clandestinité, le dirigeant et ses équipes peuvent et je dirais même, doivent être émotionnellement compétents. Puisse cette ouverture faite aux dimensions affectives du comportement humain, conduire vers d’autres sentiers vibrants et enthousiasmant. Vive le dirigeant qui utilise sa tête et son cœur !