QUELLE EST LA PLACE DE NOS ÉMOTIONS DANS L'ENTREPRISE ?

Parler des émotions, c’est parler d’une manifestation quotidienne de notre vie, que l’on appelle une manifestation psychobiologique. Objet d'étude en histoire, en sociologie, en philosophie, il a fallu beaucoup de temps avant que l'émotion soit abordée par l'entreprise et le management. Elle est pourtant devenue un sujet pour les sciences de gestion et du management. 

Parce que l’émotion pourrait jouer un rôle dans le bien-être mais plus encore dans la santé mentale, elle influence la productivité des salariés. De ce point de vue, les études managériales n’ont pas cessé de recourir à divers leviers cognitifs, psychologiques et sociaux pour orienter les émotions au profit de l’entreprise.  

Dans cette conférence, je vous propose de réfléchir et de nous demander :

Pourquoi a-t-on méprisé les émotions pour finalement y revenir, et les surinvestir dans le management ?

L’émotion doit-elle vraiment faire l’objet d’une stratégie de la part de l’entreprise, ou bien au contraire doit-on laisser de cette manifestation sensible s’exprimer sans chercher à intervenir sur elle ?

Les émotions dites négatives, comme la colère, sont-elles vraiment à évacuer de nos échanges professionnels ou permettent-elles d’être en meilleure santé, et plus performants dans ses échanges ?

LA RAISON D'ÊTRE DE L'ENTREPRISE

Parler de « raison d’être » de l’entreprise, c’est aborder un concept à la fois juridique et stratégique récent. Cependant, il se peut que la raison d’être ait toujours traversé le questionnement des dirigeants d’entreprise, comme de leurs équipes. 

Le pourquoi de l’entreprise ou sa raison d’être vise la question de l'origine d'une entreprise, mais aussi son but. Souvent ces deux notions sont reliées, mais pas nécessairement. 

La question de la raison d’être cherche expressément à déployer une finalité nouvelle et non corrélée au profit. Bref, une finalité sociale et non pas seulement économique. 

Osons, la question : s’agit-il d’un vernis marketing qui n’a rien de social ? Si ce concept peut stimuler une mauvaise publicité, elle a néanmoins le mérite de clarifier certains points :

1- La raison d’être offre à penser la question de l’essence ou de l’identité de l’entreprise. Par là, elle assure une revalorisation de la nature de l’entreprise désormais plus lisible pour sa clientèle et ses collaborateurs.

2- Elle peut accroître sa réputation si cette entreprise se donne une raison d’être alignée aux grands défis sociaux, politique et environnementaux.

3- Seul ce qui est humain a besoin de sens pour naître, agir, évoluer et demeurer enthousiaste. En cela, donner une raison d’être c’est offrir un sens à la productivité de l’entreprise. Ce sens permettra de plus facilement encourager ses équipes, ses collaborateurs. 

Peut-être pas, si nous y regardons de plus près.

LA COLÈRE EST-ELLE BONNE CONSEILLÈRE ?

La colère fut longtemps une émotion cruciale dans ma vie, mais je ne le savais pas. C’est très souvent après avoir retenu ma colère que je m’aperçois de sa force et de sa justesse. Je regrette alors de ne pas avoir su lui donner une expression et une réalité dans le monde. 

Si elle existe, c’est qu’elle détient une fonction psycho-biologique. Il est donc réducteur comme une sortie de route émotionnelle et irrationnelle, vouée à être canalisée dans le meilleur des cas, jugée et culpabilisée dans le pire. Tout simplement parce qu’on ne juge pas une émotion. Qu’on le veuille ou non, cette émotion existe. 

Il ne s’agit pas de juger, mais d’en comprendre la généalogie, l’origine et le but comme les fonctions. Notre colère dit quelque chose de nous et elle nous révèle aux autres comme à nous-mêmes d’une manière particulièrement riche, féconde et inattendue.  

Si la colère est une ressource essentielle de notre corps comme de notre esprit, pourquoi n’arrivons-nous pas à l’accepter ? Est-elle acceptable selon un certain degré, ou est-elle d’une nature entièrement légitime ?